L’adage veut qu’un chat noir apporte malchance et autres malédictions autour de lui (à moins d’être une sorcière en pleine crise d’adolescence). Et si beaucoup rétorqueront sans doute que ce n’est rien d’autre qu’une superstition, c’est très probablement parce qu’ils n’ont pas encore joué à Little Kitty, Big City. Verdict, en quelques paragraphes, sur ce pur concentré de maladresse qui s’apprête à débouler ce 9mai 2024 sur PC, Xbox, Nintendo Switch, et prochainement sur PlayStation.
Avant toute chose, il convient de préciser que le soft est signé Double Dagger Studio. Une structure indépendante basée à Seattle, fondée par Matt T. Wood. Et si ce nom ne vous dit rien de spécial, sachez qu’au cours des dernières décennies le bonhomme a oeuvré (entre autres) sur Half-Life 2, Duke Nukem Forever, Left 4 Dead, CS:GO, Portal 2, ou encore Max Payne… Excusez du peu ! Il est donc évident que vous ne retrouverez pas la «patte» spécifique du monsieur dans ce Little Kitty, Big City. Le projet a en effet pour but de détendre le joueur, et ne propose ni armes à feu, ni vue FPS, ni zombies. Jusqu’ici, tout va bien.
Pour autant, le moins que l’on puisse dire, c’est que le postulat de départ n’est absolument pas respecté. Primo, le nom du jeu est mensonger. La «grande ville» vantée jusque dans le titre est en réalité un minuscule quartier (oui, même à échelle féline). Et comme si ça ne suffisait pas, sachez que le potentiel «relaxant» du projet vole ici en éclats dès les premières minutes de jeu. C’est bien simple : manette en mains, la jouabilité est abominable. Que ce soit la caméra qui fait n’importe quoi, la sensation de flottement (et l’input lag) dans le moindre de nos mouvements… Nom d’un coussinet, Little Kitty, Big City est une plaie à jouer.
Je ne vous parle même pas des micro-chutes de framerate assez fréquentes (incompréhensibles sur une config PC haut de gamme), des bugs d’affichage, des textures qui s’imbriquent les unes dans les autres… Oui, car visuellement le constat est assez effarant également. Et s’il était évident que LKBC ne tournerait pas sous Unreal Engine 5 (et ne proposerait pas de ray-tracing), il était toutefois permis d’espérer trouver ici un jeu des plus mignons, vous en conviendrez. Hélas… même dans ce domaine, la déception est finalement bien plus grande que la map du projet.
Le jeu du studio américain est franchement laid, les PNJ ont visiblement été dessinés avec les genoux, tandis que les couleurs délavées achèvent de ternir ce tableau, qui n’a pourtant pas fini de nous en faire baver. Car, voyez-vous, à moins de réellement tomber amoureux du chaton en question, et donc de vouloir à tout prix débloquer les 39 trophées du soft (et tous les chapeaux à arborer), ce Little Kitty, Big City vous dévoilera son générique de fin en 2 heures, montre en main. Non, ce n’est (hélas) pas une plaisanterie.
L’avantage, dans ce cas de figure, c’est que vous n’aurez pas à souffrir très longtemps. Un véritable point positif finalement, tant le gameplay est loupé, les quêtes génériques au possible, et la redondance poussée à l’extrême (va parler au chien, ramasse 12 chaussettes, casse 10 pots, reviens me voir après avoir trouvé 49 pièces…). Vous comprenez à présent l’intérêt de cette courte durée de vie, n’est-ce pas ? Malheureusement, ça n’empêche pourtant pas le studio de vendre son jeu la coquette somme de 25€ (tout de même !).
À titre de comparaison, on vous demandera exactement le même tarif pour obtenir le très beau et marquant Indika. Pire encore : c’est surtout 5€ de plus que le très bon Heading Out, ou que le génial Melody of Moominvalley, proposant un contenu et un travail d’une qualité infiniment supérieure. Pour ma part, et même en ayant reçu cette clé Steam gratuitement, j’ai trouvé l’expérience terriblement désagréable. Je vous laisse donc imaginer ce qu’en pensera votre porte-monnaie.
Vous l’aurez compris : Little Kitty, Big City ne réussit donc à convaincre dans aucun de ses compartiments. Aucun, vraiment ? Oui et non. Car j’ai pour ma part découvert son plus gros seul point fort assez rapidement, je dois dire. Je parle bien évidemment de sa bande originale. Un album jazzy composé d’une vingtaine de pistes, réellement soignées et fort agréables à écouter. Cette OST, signée par le musicien canadien Riley Koenig, est d’ailleurs d’ores et déjà disponible sur les plateformes de streaming habituelles. Comme quoi, ce jeu aura finalement servi à quelque chose.